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Octopus (France) - original article


CD REVIEW
In The Country: Losing Stones, Collecting Bones
By CAMILLE GUYNEMER


Après un premier disque remarqué (This Was The Pace Of My Heartbeat, 2004), le jeune trio norvégien continue d’abattre les frontières musicales avec une redoutable candeur. Ses compositions, atmosphériques et mélancoliques pour la plupart, puisent autant dans le rock et le jazz, que dans l’électro ou la musique classique. Le trio démonte ces genres soigneusement pour les remonter dans le plus beau désordre, inter-changeant les éléments qui les constituent. La formation utilisée, piano-contrebasse-batterie, trio des grandes aventures du jazz, garde la chaleur et l’épaisseur de son grain mais se met au service d’une musique à mille lieues d’une conception en thème et en grille. EST et The Bad Plus ont montré le chemin, mais In The Country pousse le bouchon beaucoup plus loin. Les mélodies, toutes plus jolies les unes que les autres sonnent comme des chansons pop. Elle ne sont pas développées en variations instrumentales, mais en progression d’intensité, exactement comme ce que peut produire Coldplay, Muse ou Placebo. D’ailleurs, l’énergie que l’on trouve dans les compositions d’In The Country – toutes signées du formidable pianiste Morten Qvenild – ressemble étrangement à celle développée par ces groupes. Ce qui n’empêche pas des arrangements méticuleusement soignés. A tel point qu’au détour de certaines plages on croirait entendre un nocturne de Chopin revu et corrigé par un Stravinsky respectueux mais facétieux (The Bear) ou une Gymnopédie de Satie que Poulenc aurait truffé des riches accords dont il avait le secret (Medicine Waltz). Sur deux morceaux, la guitare limpide de Marc Ribot conduit cette musique dans des sphères où l’ambient et le rock coulent d’une même source.


Publlished : 16.04.2007